Démarche artistique

RACINES ET FORMATION ARTISTIQUE — PRINCIPE DE L’ÉNERGIE CONTINUE — DONNER NAISSANCE


Racines et formation artistique
















Quand on interroge carrasco sur sa formation et ses racines artistiques, il pourrait répondre qu’il a vécu une autre vie avant la présente, et possède ainsi plus d’expérience que celle apportée par les nombreuses années depuis le 4 mai 1919. Né à la Paz en Bolivie, Carrasco  enfant, ne prenait pas de plaisir à feuilleter des livres ou à s’amuser avec des jouets.

Il préférait s’échapper dans les vallées ou la montagne et rendre visite aux habitants : les Indiens Hiawatha qui furent les premiers à lui apprendre à faire des figurines en argile. Ils lui enseignèrent leurs croyances, qu’une goutte d’eau contenait toute l’énergie nécessaire à l’élaboration de l’univers, que la création d’une sculpture impliquait beaucoup plus que des lignes et des structures.

Bien que très jeune, c’est d’abord avec les Hiawatha que Carrasco découvrit qu’il prenait du plaisir à fabriquer des figurines avec les matériaux de la Terre –mais aussi, dit-il avec les matériaux du Cosmos. Il définit ce dernier comme étant l’énergie vitale, sensuelle et érotique qui insuffle la vie en toutes choses, qui permet la création, la naissance et la re-naissance, la distribution de l’énergie. Animisme suprême

C’est à partir de ces racines que Carrasco  peut réellement se vêtir de la richesse, de la profondeur et de l’étendue de la réalité indonésienne, du peuple indonésien et de l’animisme suprême que l’on trouve partout dans le pays. En fait, c’est cette idée de consommation de son sujet qui résume le mieux la démarche artistique de Carrasco.

 


Le principe de l’énergie continue













Carrasco ne fait pas dans le réalisme classique. Il souhaite plutôt partager avec les spectateurs une voie directe vers ce que nous ressentons, quand nous nous laissons aller à regarder la nature et le monde qui nous entoure avec honnêteté. L’expérience est profondément émouvante et tranquillisante, enrichissante et transcendante, elle peut réellement nous fournir une énergie continue une énergie qui nous permet de créer et d’aimer complètement.

En fait si vous abordez les tableaux et les sculptures de Carrasco en recherchant les détails physiques, une représentation précise, vous bradez l’artiste, son œuvre et vous-même. Vous passez à côté, car à l’intérieur de chaque ligne de tous les tableaux, chaque courbe de toutes les sculptures […] se trouvent les subtils détails qui nous font réagir comme nous le faisons quand nous regardons et ressentons le monde.

Il y a des miracles dans ces œuvres, des techniques miraculeuses, parfois explosives, parfois tranquilles et appliquées qui captent et embrassent complètement le rythme des antiques fantômes qui hantent le paysage indonésien. Ceux d’entre nous qui sommes étrangers se souviendront sans cesse de leur premier matin en Indonésie, debout dans l’angoisse de l’étrangeté et de l’originalité dans laquelle ils pénétraient, en réalité tout droit sorties de leur crânes.


Donner naissance

























Carrasco a l’impression de « donner naissance » à sa peinture, par opposition à «la produire » Cette idée est intrinsèquement liée à l’une des philosophies qui gouvernent sa vie. « un plus un égale trois », dit-il « pas deux, trois. Il veut dire par là que lorsque deux choses se combinent, elles créent une troisième chose, et que c’est là, en fait, la loi principale de l’univers. Un homme et une femme se rencontrent et ils créent un enfant, un artiste et la matière se rencontrent et ils créent l’œuvre d’art. A l’intérieur de l’énergie male et femelle se cache tout l’univers.

Cette idée est encore plus clairement apparente dans ses sculptures. Toutes les sculptures dans cette exposition sont nettement figuratives, mais là encore, Carrasco ne porte aucun intérêt à représenter un portrait réaliste d’une personne quelconque. De même que dans ses toiles il cherche à montrer la présence des feuilles et des villageois comme opposée à leur simple réalité physique, dans ses sculptures il porte cette tentative un degré plus haut.

Carrasco raconte une histoire concernant le grand philosophe mystique russe arménien George Gurdjieff. Carrassco tôt dans sa vie a émigré en France qui est devenue son pays. Il raconte qu’il est un lieu, en France où se trouve une fontaine. Dans cette fontaine, il y a une pierre qui semble vous appeler et peut même vous donner la chair de poule lorsque vous passez. C’est là dit-il que Gurdjieff est enterré.

C’est comme cela que fonctionnent les sculptures de Carrasco. Quand on se trouve dans la salle du Centre qui les accueillent, on ressent plus de présence émanant des sculptures que des autres visiteurs. Il est difficile de se débarrasser de l’impression que lorsqu’on détourne le regard d’une pièce, elle bouge de son propre chef. C’est parce-que toutes ces œuvres sont chargées de l’énergie « cosmique » qui anime l’artiste. Quoiqu’elles ne possèdent pas de cœur, ni de poumons, ni de squelette, ni de cerveau, les sculptures possèdent bien la force de vie vitale, l’énergie sensuelle et érotique cruciale qui permettent à tous ces organes et toutes ces fibres de fonctionner.